Elle gère aujourd’hui la communication de ChangeNOW.
En juin 2020, elle décide d’écrire une tribune dans Usbek et Rica pour souligner une contradiction : une majorité de femmes sont engagées dans les mouvements écologistes mais elles sont généralement absentes des instances de décision sur les questions de transition écologique et énergétique.
Retour sur son parcours.
Un éveil progressif aux questions féministes et écologiques
Les sujets du féminisme et de l’écologie se sont croisés au fur et à mesure de ses rencontres, constats et expériences professionnelles.
Son féminisme s’affirme aux États-Unis lors d’une expérience universitaire dans un cours de Media Studies. Elle s’intéresse alors à la manière dont les médias traitent les sujets et représentent la population.
Entre autres, ce qui la frappe : le nombre peu élevé de premiers rôles féminins dans les films. L’étude du Center for the Study of Women in Television and Film a d’ailleurs analysé les 100 plus gros succès en 2019 au box-office étasunien(1). Il en ressort que seulement 37% des rôles principaux sont tenus par des femmes. Des actrices dont l’activité principale consiste bien souvent à parler « des mecs ou de shampooings ».
Après cette expérience, Claire décide de s’orienter vers la communication et de travailler dans les médias pour « essayer de changer les choses ».
Lors de stages successifs, elle est en lien avec les acteurs de l’Économie Sociale et Solidaire et des fondateurs de startups à impact positif. Parmi eux, celui effectué au Drenche, média qui propose du Pour et du Contre sur tous les sujets traités, à l’époque incubé chez Makesense comme To Good To Go ou We Can Do. C’est là que la jeune diplômée se rend compte qu’on peut vraiment entreprendre et mettre une mission sociale et environnementale au cœur de son développement.
Son éveil écologique s’affirme lors d’un stage à la Ruche Qui Dit Oui! où elle crée une ruche dans la région d’Angers. Elle part à la rencontre des agriculteurs, en apprend davantage sur la saisonnalité des produits et se reconnecte avec son passé puisque ses grands-parents étaient agriculteurs. Toujours à Angers, elle travaille pour Cocycler, organisation qui valorise les biodéchets pour faire du compost.
Lors de sa dernière année de master, elle effectue un stage à ChangeNOW, où elle travaille toujours, car, dit-elle : « ChangeNOW agrège vraiment tous les projets sur lesquels j’ai adoré travailler ». Elle s’occupe désormais avec plaisir de la communication de ce média qui envoie des messages forts et notamment celui qu’aujourd’hui « on ne peut plus faire de business sans se demander quel est son impact sur la planète et sur les gens ».
Comment briser le “plafond de vert”(2) ?
Au fil de ses expériences professionnelles et personnelles, Claire fait face un paradoxe : une majorité de femmes évoluent dans le milieu de l’écologie et de l’économie sociale et solidaire mais très peu sont mises en avant dans les médias ou participent aux instances de décision. Alors, depuis un an, elle observe, note des anecdotes dans un coin de sa tête et agrège des données. Puis, elle décide finalement d’écrire une tribune publiée par Usbek et Rica : « Femmes et écologie : nous sommes plus que des végétariennes zéro déchet ». Pour contrer l’invisibilité des femmes dans ce domaine, l’autrice de la tribune propose d’ailleurs une analyse en trois temps :
• Il s’agit en premier lieu de reconnaitre que les codes d’accès au pouvoir de notre société occidentale ont été créés par et pour les hommes. Les femmes ne sont pas éduquées à ces codes. Il est donc plus difficile pour elles de jouer à un jeu dont elles ne connaissent pas les règles.
• Dans un second temps, la discrimination positive peut être un outil pour aider à équilibrer : en encourageant les femmes à prendre plus de responsabilités, on envoie des signaux positifs aux autres femmes qui se projettent plus facilement. Les rôles modèles inspirants font partie des leviers à activer pour ouvrir la voie. Cependant, les quotas ne doivent pas être une fin en soi.
• Puis finalement, le genre des individus ne détermine plus l’accès à certains postes ou fonctions. Si aujourd’hui, cela relève de l’utopie, c’est un processus qui prendra plusieurs années mais qui, grâce à des mesures concrètes, sera possible.
Plus largement, c’est la manière dont on se représente les choses qui doit évoluer. Repenser les programmes scolaires ou encore changer le nom des rues (aujourd’hui, seulement 2% des rues françaises portent un nom de femmes(3)) pourrait aussi avoir un impact sur la façon dont on se représente le pouvoir.
Transition écologique et énergétique : “utiliser le numérique à bon escient”
Lors de cet entretien, nous avons évoqué la place du numérique dans la transition écologique. “Le numérique est forcément un moyen mais ne devrait jamais être une fin ». Il faut toujours se poser la question “est-ce que j’apporte plus en me connectant via le numérique ou est-ce que je coûte plus cher en termes d’impact carbone ?”.
Pour Claire, la question n’est pas si simple car se “priver du numérique, c’est malheureusement s’auto-exclure du marché tel qu’il existe aujourd’hui”. Le numérique peut être utile s’il est utilisé à “bon escient”, notamment s’il peut aider à consommer mieux en informant plus sur les choses dont les gens n’avaient pas forcément conscience et accès, en résumé, “pour éveiller, éduquer et faciliter la connexion”. Et pas question non plus d’aller trop vite dans la transition au risque de perdre les utilisateurs. Il faut nécessairement les accompagner dans leur usage d’un numérique plus responsable.
Sa citation inspirante
“L’avenir, ce n’est pas ce qui va nous arriver mais c’est ce qu’on va faire”, Henri Bergson
(1) Dr Martha M. Lauzen. It’s a Man’s (Celluloid) World: Portrayals of Female Characters in the Top Grossing Films of 2019. 2020.
(2) Pétreault Claire, « Femmes et écologie : nous sommes plus que des végétariennes zéro déchet ». Consulté le 8 juillet 2020. https://usbeketrica.com/article/nous-sommes-plus-que-des-vegetariennes-zero-dechet.
(3) Nous Toutes