notamment pour atteindre l’objectif de réduction des gaz à effet de serre d’au moins 40% d’ici à 2030. (1), et ce, alors même que des initiatives existent depuis plus de dix ans pour nous sensibiliser à ces enjeux : je parle notamment du Festival Atmosphères dans lequel s’investit mon amie Marilou Signolet, une des premières à m’avoir ouvert les yeux, merci.
C’est le sens de ma démarche actuelle, au travers de mon investissement dans des initiatives globales comme celles de Time for the Planet et Be Amazonial, ou plus simplement, en essayant d’agir à mon niveau, en allant à la rencontre de ceux qui agissent sur le terrain, et en acquérant à leur contact les bons réflexes à mettre en place pour contribuer individuellement au changement.
Le premier confinement a prouvé que nous pouvions changer, mais comment rendre ce changement durable ? Car c’est bel et bien la seule issue responsable pour les générations futures.
- L’expérience est clef en la matière
La crise actuelle et ses conséquences sur notre quotidien a mis en exergue l’importance qu’il fallait accorder à deux transitions majeures : environnementale et numérique, les deux étant d’ailleurs intrinsèquement liées.
C’est ainsi qu’en dépit des alertes clairvoyantes de la communauté scientifique sur les conséquences du réchauffement climatique depuis plusieurs décennies, l’Homme ne semble avoir pris conscience de la réalité du phénomène qu’à partir du moment où il en a lui-même subit les conséquences.
Au-delà des chiffres que nous avons tous entendus, les conséquences du changement climatique ont été ressenties par tous dès le premier confinement (ruptures d’approvisionnement, réduction des transports, accroissement des inégalités …). Mais nous avons aussi expérimenté (sous la contrainte certes) les bénéfices de respecter davantage notre planète (amélioration de la qualité de l’air, retour de la nature en milieu urbain, baisse de la pollution, fruits et légumes de saison et de production locale, temps pour soi…). Nous avons également appris que face à un choc massif comme celui que nous sommes en train de vivre, le changement radical de nos habitudes était possible. Qui aurait pu prédire que tant de personnes pédaleraient avant ce fameux 17 mars, et que tout un système serait reconfiguré, entraînant une pénurie de bicyclettes ?
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la jeunesse se mobilise si massivement et qu’il nous faut faire preuve d’humilité et d’une grande empathie à l’égard de nos enfants et petits-enfants qui vivront de plein fouet les conséquences de nos usages actuels. Le sujet est intergénérationnel car les décideurs d’aujourd’hui doivent écouter les principaux concernés de demain. Tout comme la lutte contre la covid-19 impose aux plus jeunes de préserver leurs ainés, nous avons littéralement besoin de tous pour préserver notre environnement.
La prise de conscience sur les impacts du changement climatique est réelle, le changement est possible. Il y a donc là une véritable opportunité que nous devons saisir collectivement et individuellement.
- Comment puis-je agir à mon niveau ?
Au-delà des récentes annonces du gouvernement (Le volet du plan de relance de 100 Md€ dédié à la transition écologique représente 30 Md€), nous ne pouvons-nous permettre d’attendre des solutions venues des institutions et politiques, ou nous reposer sur une hypothétique transition douce.
Nous devons passer du stade de la connaissance et de l’information, à celui de la cohésion et de l’action. Il n’y a pas de petite échelle. Tous les acteurs de notre écosystème qui s’impliquent dans la transition environnementale participent au changement.
Lors de l’Accord de Paris en 2015 (1), 195 pays se sont donnés pour objectif d’agir face au changement climatique. Pour aller vers la neutralité carbone et limiter la hausse des températures à 2 °C, voire 1,5 °C, il faut diviser par 6 nos émissions de GES d’ici les 30 prochaines années. Or, au cours des 20 dernières années, nous avons seulement baissé d’environ 16% au regard de toutes les politiques déjà en place. (2)
Nous commençons ainsi à percevoir la puissance dont chaque consommateur dispose. On sent bien aujourd’hui que lorsque l’on parle de transition écologique, on parle de transition d’organisation personnelle.
Chacun de nous émet 9 tonnes de CO2 par an / et même 11 tonnes si on ajoute ce qui est produit ailleurs mais consommé en France (2). Au niveau du consommateur, il y a ainsi 3 grands postes qui représentent 70% de la part des gaz à effet de serre dans le quotidien d’une famille et sur lesquels on peut agir (3) :
- Les transports (27%) sur une logique de déplacement du quotidien
- Le logement (27%)
- L’alimentation (16%)
Mais nul ne peut changer toutes ses habitudes en même temps. Il faut nous reposer sur la liberté de choisir et passer des messages encourageants : changer son mode de vie deviendra ainsi un acte essentiel, réfléchi et non subi, et in fine, porteur de valeur.
A chacun de choisir de commencer sa transition par la mobilité, puis de poursuivre sur l’alimentation ou la rénovation énergétique … ou dans un ordre différent.
Bernard Farinelli préconise dans son ouvrage « Changer avec le climat » de réaliser son « Plan Climat personnel et familial » et propose quelques pistes concrètes à mettre en place pour agir petit à petit dans tous les domaines. Entre autres :
- Changer de régime alimentaire car l’alimentation touche la santé de la Planète en général en produisant de l’ordre de 20 à 30% du total des GES, et ce, à toutes les étapes : production, transformation, emballage, transport, stockage, distribution
- Anticiper les restrictions d’eau : 75% de l’eau domestique pour laquelle la potabilité n’est pas exigée pourrait être économisée, un bain consomme 4 fois plus d’eau qu’une douche, le fait de se laver représentant près de 40% de nos consommations d’eau !
- Pratiquer la sobriété énergétique, alors même que le réchauffement climatique contraint à utiliser de plus en plus d’énergie pour climatiser, ou que le numérique est un consommateur exponentiel d’électricité …
- Optimiser nos déplacements (la voiture représente 80% des déplacements à ce jour), limiter sa vitesse, covoiturer, auto-partager, télé-travailler pour réduire les déplacements domicile-travail etc.
- Bioclimatiser la maison et optimiser les surfaces habitables : construire et rénover bio, mieux isoler car l’isolation est la première climatisation de la maison, ne pas chauffer les pièces non occupées ou promouvoir la colocation intergénérationnelle
- Jardiner pour sécuriser l’approvisionnement et apporter directement les légumes de la terre à l’assiette sans faire le moindre kilomètre. Le jardin, de par ses vertus d’utilité et de gratuité, devient une assurance.
Il n’y a plus de temps à perdre. Si l’action individuelle est indispensable, le réseau social (au sens propre) est capital car l’ouverture aux autres est la clef de la résilience.
- Comment accompagner le citoyen dans cette transition ?
Le premier enjeu est ainsi d’organiser socialement ce réseau d’expériences. La communauté est essentielle (familles, amis, proches) car seul, on ne va pas loin dans des situations exceptionnelles, et que le vivant est par nature systémique.
Il faut donc mettre en place un peu d’innovation sociale et qu’il y ait des échanges entre pairs sur leurs propres transitions environnementales. Et le digital peut y contribuer bien sûr.
Créé il y a 25 ans après le sommet de la Terre de Rio en 1992 à l’initiative de trois femmes dont Simone Veil, le comité 21 se repose ainsi sur 5 piliers, partant du postulat de base que ce n’est qu’en travaillant tous ensemble qu’on va y arriver :
- Les entreprises
- Les collectivités
- L’enseignement
- Les associations
- Le citoyen
Pour répondre aux défis climatiques, 150 Français ont été tirés au sort pour constituer la Convention citoyenne pour le climat : une institution démocratique inédite constituée en octobre 2019 sur demande du Président. De nombreux débats sont certes en cours sur sa mise en œuvre, mais 146 propositions (sur 149) ont été retenues par Emmanuel Macron en juin dernier. Et surtout, cette initiative a montré que nous pouvions former des citoyens à l’urgence climatique. L’éducation et la formation sont donc clefs.
Le second enjeu est celui de la justice sociale. Quand on parle de consommation, le rapport n’est pas le même pour tous.
Il faut ainsi que l’information soit la plus synthétisée et la plus accessible possible. Si nombre d’entre nous (et malheureusement, pas encore suffisamment) ont entendu parler des « ODD », ces Objectifs de Développement Durable, très peu de gens les maîtrisent. La première étape est donc de sensibiliser, afin de s’approprier les ODD, que chacun puisse comprendre ce qu’ils sont et quels en sont les indicateurs. Si des expérimentations sont en cours, à l’instar de la loi « Anti-Gaspi » qui préconise un affichage clair sur tous les biens de consommation, la lisibilité est encore faible, et cet indicateur n’est d’ailleurs pas rendu obligatoire à ce jour. Le fameux « CO2 score ou Yuka du CO2 » est une belle idée mais très difficile à mettre en œuvre : comment déterminer les émissions de CO2 nécessaires à la fabrication mais surtout tout au long du cycle de vie du produit (de la production, à l’usage au recyclage) ? Et nous avons déjà du mal à nous y retrouver dans les A/B/C/D … de nos électro-ménagers.
Il faut également permettre à tous de participer à cette transformation en se rappelant que la gestion du budget n’est pas du tout la même pour tous. Une des premières questions que les ménages se posent d’ailleurs : « est-ce que le bio coûte beaucoup plus cher ? » Et face à la hausse de la demande de produits alimentaires bio, il faut déjà que les agriculteurs puissent passer au bio alors même qu’ils font face à des difficultés financières. Comment les accompagner dans cette transition estimée à 2 à 3 ans ? (4)
Conclusion
La bonne nouvelle, c’est que la prise de conscience est là, dans les dires, comme dans les faits. Le climat serait d’ailleurs la première préoccupation des français devant le pouvoir d’achat. Selon un sondage IPSOS de 2019, 64% des sondés affirment avoir changé leur façon de vivre et de consommer (tri des déchets, achats de fruits et légumes de saison, chauffage et climatisation …). En France, la vague verte des récentes élections témoigne de l’ancrage durable de l’écologie dans nos territoires.
On observe tous les jours au pied de chez nous ou par le biais d’applications digitales des initiatives pour faire du bien à la planète, et qui marchent :
- Too Good To Go aide à lutter contre le gaspillage
- Yes We Green propose une carte de sa région pour une alimentation locale et écologique
- Yuka permet de scanner les produits alimentaires pour connaître leur impact sur la santé et a même réussi à faire plier Intermarché qui a enlevé un certain nombre d’additifs de ses marques distributeurs
- Le Refettorio récupère les produits issus du Gaspillage à Rungis et les cuisine dans son restaurant solidaire
- Vinted est devenu le 4ème distributeur de vêtements en France, certes derrière Zalanda, Veepee et Amazon, mais devant H&M
Il est primordial aujourd’hui d’accompagner l’essor de nouveaux projets mais également de capitaliser sur l’existant, en accompagnant la croissance des acteurs déjà créés. Comment faire en sorte que ces entreprises que nous aurons aidé à grandir fassent demain partie des plus grandes entreprises européennes, performantes financièrement, créatrices d’une valeur et d’emplois, tout en étant bonnes pour la planète ? Il est dès lors indispensable que les instruments financiers (Dette et Equity) s’orientent de plus en plus vers ces acteurs.
Le dernier enjeu et non le moindre, nous alerte Michel Gioria - Directeur Régional ADEME Ile-de -France, lors du Festival Atmosphère d’octobre 2020, c’est de « tenir sur le long terme et d’avoir une vision globale. Nous devons créer les conditions pour que, sur les 30 prochaines années, l’environnement soit la composante essentielle de nos choix d’investissements, d’organisation et de mode de vie afin que nous puissions nourrir 9 milliards de personnes en 2020, car le bio seul ne suffira pas pour lutter contre la faim dans le monde et l’obésité ». (2)
Comme le dirait Hubert Reeves « Le plus urgent est de redonner du tonus aux gens. Il y a beaucoup de gestes que l'on peut faire au quotidien. Il faut aussi emmener les enfants dans la nature. Il y a une rééducation à l'amour de la nature, et cela fait partie des choses positives. ». (5)
L’Homme a la possibilité d'inverser le cours des choses. Sauver notre planète tout comme gagner contre la covid-19 ne peut venir uniquement d'une volonté de l’état, mais bien d’une action individuelle et collective. Le premier pas, c’est déjà d’arrêter d’en parler et de commencer à faire. L’expérience l’a prouvé. C’est possible. Il n’y a plus qu’à. Belle transition à tous !
Sources :
- Objectifs de l’accord de Paris, tout premier accord mondial juridiquement contraignant sur le changement climatique, adopté lors de la conférence de Paris sur le climat (COP21) en décembre 2015. La Commission européenne vise actuellement une réduction d'au moins 55% des émissions européennes en 2030, contre l’objectif de 40% actuel, afin d'atteindre la "neutralité carbone" en 2050. Le Parlement européen réclame une baisse d'au moins 60%. Les États membres doivent se prononcer en décembre 2020.
- Selon Michel Gioria, Directeur Régional ADEME Ile-de -France, lors de la table ronde « Consommer autrement » au Festival Atmosphères d’octobre 2020
- Selon Bernard Farinelli dans son ouvrage « Changer avec le climat » publié aux éditions de Terran en janvier 2020
- Audrey de Garidel du Collège citoyens du Comité 21, lors de la table ronde « Consommer autrement » au Festival Atmosphères d’octobre 2020
- Interview réalisée par Florence Hubin parue dans Le Parisien du 9 octobre 2020